Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/202

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L’armée du comte grossissait sans cesse et n’eut point tardé à affamer le pays. – Il importait d’entrer en campagne ; Béniowski, au moment du départ, fit appeler Venturel nommé capitaine depuis quatre mois :

— Vous êtes un subordonné fidèle, vous êtes un officier brave et expérimenté, lui dit-il, et je ne doute pas que les forts Auguste, Louis et Saint-Jean ne soient bien gardés tant qu’ils seront sous vos ordres immédiats. Mais je puis craindre de nouvelles intrigues de messieurs de Ternay, Maillart, Frangon ou autres. Je n’espère pas que vous y résistiez. – Jurez-moi donc, quoi qu’il arrive, de m’en faire transmettre la nouvelle sur-le-champ.

— Général, répondit Venturel, je vous en donne ma parole !

— Cela me suffit, Monsieur… Que Dieu vous ait en sa sainte garde !

Les troupes régulières consistaient en quatre mille cent treize hommes, tant officiers que soldats européens, Malgaches ou Mozambiques. Les combattants, rangés sous les ordres des chefs Zaffi-Rabès, Sambarives et autres, portaient ce nombre à seize mille.

Le 30 avril 1776, le général mit à la voile avec sa petite escadre, composée de cent quatre-vingt-seize bateaux du pays. – L’aile gauche, sous les ordres du chevalier, remontait la rive droite du fleuve, déblayait le terrain et mettait en déroute les bandes mal aguerries expédiées en avant par le roi Cimanour. L’aile droite, sous les ordres de M. de Malandre, chef de bataillon et du capitaine Rolandron de Belair, s’engageait dans les défilés des montagnes du Nord où des embuscades avaient été préparées par les Sakalaves. – Quelques escarmouches sans importance s’ensuivirent.

La navigation de l’escadrille, forcée de faire halte chaque nuit, ne fut pas sans dangers ; plusieurs chaloupes se brisèrent ;