Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/204

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jetti au comte polonais, il se soumit à la nécessité, autorisa le commerce des caboteurs et facilita ainsi indirectement les opérations d’un homme qu’il était forcé d’admirer tout en désirant sa ruine.

Maillart et le capitaine Frangon procédèrent par les plus perfides moyens. Au garde-magasin Vahis succédèrent d’autres agents exécrables, et quand la grande guerre fut résolue, ils se hâtèrent de susciter de nouveaux embarras à Béniowski en expédiant au roi Cimanour divers aventuriers anglais et hollandais, dont l’un se fit fort de lui procurer l’appui du gouverneur du cap de Bonne-Espérance.

Cimanour l’y expédia. – Dans le doute, le gouverneur s’abstint ; mais un gros vaisseau de la compagnie des Indes-Orientales était sur le point de faire voiles pour Batavia ; il engagea le capitaine de ce navire à relâcher au port de Bombetoc et à s’y mettre en rapports avec le roi de Boyana.

Le capitaine hollandais, gros, gras et fleuri compère, n’était autre que Scipion-Marius Barkum en personne. Il comprit que le gouverneur ne voulait pas se compromettre, mais jugea dans sa haute sagesse que la compagnie serait charmée d’avoir un débouché à Bombetoc, à Mouzangaye et dans les divers autres ports Sakalaves, en sorte que l’artillerie du Sanglier-Batave flanquait les angles des palissades. Barkum avait fait creuser des fossés et des chemins couverts qui reliaient entre eux les trois camps retranchés situés en triangle équilatéral sur les trois collines au bas desquelles courait une rivière profonde, rapide, mais à la vérité fort étroite.

La lisière de la forêt était au-delà de portée de canon.

— Sire, disait le capitaine Barkum à Cimanour, soyez tranquille ! je défierais le diable en personne de nous débusquer d’ici.

Le major du Capricorne fit une reconnaissance et revint en jurant à faire trembler :