Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/218

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se maintiendrait à Madagascar comme commandant en chef. Il se trompait.

L’aile gauche ramenée par le capitaine Mayeur, l’aile droite que commandait M. de Malandre, campèrent successivement sur l’une et l’autre rive de la Tingballe. – La division navale revint de la baie Saint-Sébastien, où elle avait reçu la nouvelle de la retraite de l’expédition. Enfin, la flottille des barques malgaches se montra dans le haut du fleuve. L’armée régulière, une immense multitude d’alliés, toutes les tribus Zaffi-Rabès, Sambarives, Antavares ou Zaffi-Hibrahim, couvraient le rivage ou les hauteurs.

Lorsque la litière qui portait le général blessé débarqua enfin, des milliers de clameurs enthousiastes le saluèrent. Fort-Louis tira cent-un coups de canon ; le Coureur, le Desforges, l’Aphanasie firent des salves semblables et pavoisèrent. Les insulaires déchargeaient leurs fusils en agitant des drapeaux. « Vive notre père ! vive Râ-amini ! » criaient trente mille voix.

La frégate la Consolante n’avait même pas arboré son pavillon.

Un cortége de rois, de princes et de seigneurs malgaches accompagnait Béniowski triomphant.

— Il se fait rendre des honneurs royaux ! disait M. de Bellecombe. À quoi bon lui transmettre nos dépêches ? – Il le faudra pour la forme. Et j’espère qu’immédiatement après son refus, nous appareillerons enfin pour l’Île-de-France !

Oui, M. Chevreau ; oui, Messieurs, immédiatement après !

Le baron de Luxeuil, à ces mots, se jeta dans son canot et, suivi de deux officiers, se rendit à Louisbourg. Il n’eut pas le déplaisir d’entrer dans la place ; le major, Sans-Quartier et Jambe-d’Argent l’attendaient sur les glacis.

— Me voici à vos ordres ! M. du Capricorne, dit le baron ; mais mon épée n’a pas la longueur ridicule de la vôtre.