Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/237

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— Silence ! cria Vincent du Capricorne. – Très bien ! dit le général, je n’en attendait pas moins de votre subordination, M. le chevalier du Sanglier. – Vous allez recevoir vous-même une autre destination.

Le rude grognard salua sans répondre. Se retournant vers la troupe, le général cria :

— Vive le roi !

Venturel, l’état-major et les soldats de la Consolante répétèrent seuls ce cri.

Tous les officiers, sous-officiers et soldats de la légion arrachaient à la fois leurs cocardes ; le porte-drapeau fit un pas hors des rangs pour planter en terre le drapeau fleurdelisé.

Le général de Bellecombe pâlit de colère.

— Major Venturel ! dit-il, et vous tous, Messieurs, suivez-moi !

Il voulait, à la tête des soldats de marine, s’emparer de la porte du fort, et dût-il se faire écraser, s’opposer à la désertion en masse de toute la garnison.

— Mordious ! général, ne nous poussez pas à bout !… mille tonnerres ! s’écriait Vincent du Capricorne, – Voulez-vous une boucherie inutile ?… La légion Béniowski vous cède la place sans souffler mot et vous n’êtes pas content !… Par le flanc gauche ! gauche !… Pas accéléré, marche ! – Les canons sont déchargés et la clef de la poudrière est dans ma poche, général !… Vive Madagascar !… vive Râ-amini !…

M. Chevreau suppliait son collègue de ne pas opposer une résistance inutile. – Venturel essaya bien d’ébranler le peloton des soldats de marine de la frégate ; mais ceux-ci riaient sous cape. – Le chevalier du Capricorne, qui les avait si galamment débarrassés du baron de Luxeuil, leur commandant, était le héros des passavants de la Consolante.

Il s’ensuivit que le bataillon-Béniowski sortit tambour battant de la place.