Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/241

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la nuit même de la province d’Anossi, et enfin Rozai, roi des Sakalaves soumis.

Béniowski, vêtu lui-même en chef malgache, armé de ses armes les plus belles et paré avec une magnificence orientale, les reçut au milieu de sa famille, de quelques officiers et de quelques autres chefs, ses frères par le serment du sang.

Rafangour porta la parole. Il exprima la confiance avec laquelle les nations malgaches investissaient Râ-amini du pouvoir suprême ; il dit quels avantages elles espéraient retirer de ses talents et de ses services ; il pria le grand chef de se rendre aux vœux du peuple, en paraissant dans la grande assemblée. Le cortège le plus pompeux se forma.

Béniowski ne tarda point à pénétrer dans un cercle de trente mille hommes armés, les chefs étant chacun à la tête de sa tribu, les femmes et les enfants dans l’intérieur.

Les principaux philoubés, rohandrians ou anacandrians s’avancèrent pour former un premier cercle ; et Béniowski se trouvant en vue de la multitude, la main droite posée sur l’épaule de Wenceslas, que la comtesse tenait de l’autre côté, Rafangour prononça la harangue suivante :

« Béni soit Zahanhare, Dieu créateur des cieux et de la terre !

« Béni le sang de Ramini à qui notre attachement est dû !

« Bénie la loi de nos pères, qui nous ordonne d’obéir à un chef issu de la race de Ramini !

« Nous avons éprouvé que la désunion est une punition de Dieu.

« Affaiblis par nos divisions, nous avons toujours été la proie du plus fort, car nous étions méchants et sourds à la voix de la justice.

« Ô rois et peuples de Madagascar, soumettez-vous au chef légitime que je vous présente et à qui j’offre cette sagaye pour