Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/273

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volonté du Grand Conseil des peuples de Madagascar réunis en kabar sous le règne de Maurice-Auguste Râ-amini, comte de Béniowski, notre auguste ampansacabe, et, – comme gouverneur du Fort-Dauphin et dépendances, – de l’illustre bailli de Suffren, vainqueur des Anglais. Je ne suis pas mort ; donc je ne dois pas être remplacé ; je proteste, et je protesterai, mille cornes de licornes ! tant que je serai Capricorne !… j’ai dit.

L’aventurier Gascon, devenu plus qu’à moitié Malgache, croisa gravement les bras sur la poitrine.

L’officier parlementaire se retira ; mais ne tarda pas à revenir pour lui transmettre l’ordre formel de se rendre à bord.

— Mille millions de carabines du diable !… Moi, le roi d’Anossi !… moi, déroger à ce point !… mordious ! J’ai trop à cœur ma dignité royale et ma sécurité particulière !… On ne prend pas au trébuchet un vieux merle comme Ma Majesté !… Que le diable étouffe votre commandant, et vous… Filez en double ! nom de nom d’une cornemuse !…

Dix minutes après, la Pourvoyeuse ouvrait le feu sur la pauvre redoute de la baie Saint-Augustin.

Capricorne fit arborer le pavillon de guerre qui est rouge ; il le laissa entre son pavillon blanc et son bleu qu’il n’amena l’un ni l’autre ; mais jugeant inutile d’opposer une vaine résistance à une frégate de quarante canons, il battit en retraite dans l’intérieur.


Lorsque l’Intrépide mouilla dans la baie Saint-Augustin, Béniowski ne vit plus qu’un amas de ruines à la place du comptoir et du poste militaire établis autrefois, selon ses ordres, par son vice-roi le chevalier du Capricorne et le sergent Brise-Barrot. Un pêcheur malgache passait en pirogue ; il apprit de