Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/286

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Béniowski, une mèche allumée à la main, se tenait entre les deux canons.

Stéphanof commanda aux siens de faire halte dès que la tête de colonne fut à l’extrémité du chemin creux.

Il s’avança seul pour reconnaître le terrain.

— Stéphanof ! s’écria Béniowski.

— Stéphanof ! répéta Vasili frémissant.

Mais le Kosaque, de son côté, avait aperçu le comte polonais ; il l’ajuste et l’atteint d’une balle au sein droit.

Béniowski tomba mortellement frappé :

— Feu ! Vasili !… feu !… et à mon fils !…

Coup sur coup, les deux canons chargés à mitraille vomissent le fer sur Stéphanof ; il a eu le temps de se jeter dans le chemin couvert naturel.

— En avant ! en avant ! au pas de course ! commande-t-il aux Français.

Les deux canons sont déchargés, Béniowski doit être mort, Stéphanof d’ailleurs est rempli de bravoure et transporté de joie.

Vasili l’ajustait, lorsqu’un homme abaissa le canon du mousquet en plaçant la main sur sa bouche.

— Je me charge de celui-là, dit-il ; soigne ton maître.

Le premier, Stéphanof entrait l’épée à la main ; il ne vit que Béniowski mourant entre son fidèle serviteur et son fils Wenceslas amené par l’inconnu qui avait détourné le mousquet de Vasili.

Mais pourquoi la colonne française ne montait-elle point à l’assaut ?

Comment Wenceslas se trouvait-il auprès de son père ?

Stéphanof se retourna.

Derrière un canon, un homme nerveux et basané, une femme olivâtre terrible comme la Némésis antique, se levèrent à la fois, se précipitèrent sur lui et le bâillonnèrent.