Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/301

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eu lieu vers 1658, n’est point historiquement prouvé ; mais il est constant que le duc de la Meilleraye ne cessa d’expédier des navires corsaires dans la mer des Indes et surtout aux environs de la mer Rouge, où leurs armes terrifiaient les Portugais, les Hollandais et les Anglais, déclarés tous de bonne prise passé la ligne équinoxiale.

Le sieur de Champmargou, officier au service de la compagnie française des Indes-Orientales, qui commanda le Fort-Dauphin à partir de 1663, n’était point un homme sans mérite. – Le commencement de son administration fut assez heureux, car il se laissait guider alors par les conseils d’un aventurier français, bien intentionné, qui s’était depuis plusieurs années naturalisé Malgache. – Ce dernier s’appelait Levacher, mais n’est guère connu que sous son surnom de La Caze.

Parti de France en simple volontaire, il arriva dans l’île en 1656, à bord d’un des navires du duc de la Meilleraye. La compagnie était en désarroi et les Français se trouvaient en butte aux insultes de tous les chefs indigènes. La Caze s’offre pour commander un détachement qui fera dans l’île une expédition comparable à celle des flibustiers à Saint-Domingue ; ses deux coups d’essai sont deux victoires qui répandent sa renommée du sud au nord de l’île. Il tue dans une bataille générale l’un des princes les plus puissants ; il en abat un second en combat particulier, gagne ensuite trois autres batailles et rend ainsi au nom français tout son ancien prestige.

Malheureusement, le grand retentissement de ces succès ayant éveillé la jalousie du gouverneur Champmargou, il cessa de se laisser diriger par ses avis.

Au Fort-Dauphin, les désastres succédaient aux revers, tandis que La Caze, couvert de gloire, devenait le héros de Madagascar. Le prince de la vallée d’Amboule lui offre de partager avec lui la puissance suprême ; il lui donne la main de sa fille Dianonne, et La Caze règne en paix, quand au contraire, Champmargou risque à tous moments d’être accablé par ses ennemis.

Le gouverneur, réduit aux dernières extrémités, dut souvent faire taire son orgueil, et rappeler à son aide l’aventurier qu’il dédaignait, mais qui, toujours zélé pour le service de la France,