Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/59

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tassent atteinte aux droits du Céleste-Empire, afin d’obtenir de lui des priviléges en faveur des négociants français de la Compagnie des Indes. Eh bien, de l’aveu même de Béniowski, l’équipage du Saint-Pierre et Saint-Paul où se trouvaient le vicomte de Chaumont-Meillant, le chevalier Vincent du Sanglier et leurs gens, tous sujets français, avait fait la guerre aux troupes de l’empereur.

— Je n’ai jusqu’ici rien déguisé, reprit le général. Ma conduite à Formose, je m’en aperçois, contrarie les vues du gouvernement du roi de France ; mais, en saine justice, elle ne peut être assimilée à de la piraterie. J’accorde le secours de mes armes à un prince indépendant, par reconnaissance pour le noble accueil qu’il daigne me faire ; je l’aide à triompher de ses ennemis parmi lesquels se trouvent des Chinois. Serais-je au pouvoir des Chinois, je devrais tout au plus être traité en prisonnier de guerre. – D’ailleurs, ouvrant ici une parenthèse étrangère au débat, je ne craindrai pas de déclarer hautement que j’ai le bonheur d’être en mesure de rendre à l’empereur de la Chine un service signalé, qui me ferait pardonner amplement par lui-même la part que j’ai prise à l’expédition du roi Huapo.

Le commandant Cerné de Loris fit un mouvement de curiosité.

— Mais ce n’est ici ni le lieu, ni le moment de parler d’affaires diplomatiques dont la communication doit être confidentielle.

— Poursuivez ! dit le président.

Béniowski aborda le chef d’accusation relatif à son combat contre le Sanglier-Batave, vaisseau de compagnie commandé par le sieur Scipion-Marius Barkum, excellent père de famille, estimable commerçant, bon marin, prudent navigateur, brave et habile manœuvrier, mais crâne épais s’il en fut et le plus