Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/69

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— Encore du nouveau !… mes fistaux !… N’y a pas de brume dans l’œil de Trousseau !

— Voyons voir ! firent les canotiers en formant cercle autour de lui.

Le plus grand silence était ordonné, si bien que le novice lorrain attaché au service de l’embarcation et qui s’y était glissé un peu en contrebande, se rapprocha comme les autres de l’oracle de son bord.

— Eh bien ! fit le patron, le conseil est embrumé si mon œil ne l’est pas !

— À quoi juges-tu ça, Trousseau ? demanda le brigadier du canot.

— La séance est levée, mes petits, puisque le lieutenant de la Pomone est sorti de la chambre du conseil. Les autres n’en sortent pas, et le lieutenant prend le commandement de la garde. Il y a une malice là-dessous.

— Belle malice ! Si les accusés sont acquittés, pourquoi se gêner !

— Quelque couleur de Nathan, soi-disant Béni-outil.

— Béniowski, dit le novice.

— Je veux dire Béni-tousse-t-il, jeune imbécile, suis-je pas libre ?

— Patron, répliqua le jeune Lorrain, appelez-vous vous-même Crousteau, Broute l’eau ou Trousse-peau, ça m’est bien égal !…

À ces mots irrévérencieux, le novice éclata de rire, mais beaucoup trop près, cette fois, du poing de Trousseau, qui replia brusquement son pouce et son index, avant de le faire rouler à croix ou pile du haut en bas du petit tillac.

L’appel de la garde, et les vociférations de Luxeuil qui disait avec fureur : – « Bandits ! pirates ! assassins ! » firent soudain un tout autre vacarme. – Mais dès qu’il eut été mis aux arrêts