Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/75

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câblot de l’embarcation, la jette à la mer et s’y précipite elle-même. Épuisée, tremblante, incapable de faire un mouvement, elle est recueillie au dernier instant par le canot du vicomte. Elle se croit hors de danger. Survient un coup de mer, la tempête se transforme en typhon.

Tout à coup, avec un fracas effroyable, une immense colonne d’eau s’était élevée à l’arrière. Richard avait poussé un cri de terreur et de désespoir…

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Aphanasie ignorait complétement ce qui s’était passé ensuite ; mais elle avait repris connaissance dans une cabane, où deux prêtres, secondés par des femmes vêtues à la chinoise, lui prodiguaient leurs soins.

— Dans quel pays vous trouviez-vous donc, mon enfant ? demanda Béniowski pâle d’horreur.

— J’étais sur la côte occidentale de Formose, dans un petit établissement fondé par les missionnaires portugais, qui m’expédièrent plus tard à Macao avec une lettre de recommandation pour l’évêque de Mitélopolis, En arrivant en Chine, je devais apprendre la terrible accusation qui pesait sur vous. – L’évêque daigna prendre pitié de nous tous, et me conduisit à bord de l’Aréthuse, où j’arrivai sous le costume d’un jeune homme. – Ainsi, je n’attirai point les regards, et je pus, sans être remarquée, attendre les résultats du conseil d’enquête assemblé à bord de la Pomone. – Un signal m’a instruite de votre délivrance ; le commandant en second de l’Aréthuse m’a présentée aussitôt à l’état-major de cette frégate, et il vient de me faire conduire ici.

— Puisque vous avez survécu, Aphanasie, Richard, lui aussi, vit encore peut-être, dit Béniowski en essayant de dissimuler ses craintes. Il sait que la France est le but de notre voyage… Allons en France, où Karl Marsen doit avoir conduit