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LE DERNIER DES FLIBUSTIERS


I

HAÏR, C’EST SOUFFRIR !


Sur l’une des routes accidentées qui conduisent d’Autriche en Pologne, une berline escortée par quelques serviteurs à cheval s’avançait aussi rapidement que le permettait le mauvais état du chemin.

Elle était occupée par deux jeunes et vaillants amis, l’un hongrois de naissance et polonais d’origine, Maurice-Auguste de Béniowski[1] dit Samuelovitch, qui, à peine âgé de vingt-sept ans, avait déjà couru nombre de grandes aventures, – l’autre français autant qu’on peut l’être, Richard, vicomte de Chaumont-Meillant, mauvaise tête, grand cœur, parfait gentilhomme et très convenablement romanesque.

Béniowski était exaspéré. D’après les conseils de son brave compagnon, qui ne manquait pas de crédit à la cour de Vienne,

  1. On lit ailleurs Béniowsky ou Bényowsky, par un ou par deux y, mais au cours du présent ouvrage l’orthographe la plus simple, ou au moins la plus française, sera constamment préférée autant que faire se pourra.