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L’ART CONTEMPORAIN DES PIÈCES EN CONCERT DE RAMEAU 151

D’ailleurs, la scordatura parait avoir été connue des violonistes français dès 1713 ; seulement, ceux-ci ne la faisaient pas figurer dans leurs œuvres gravées, et la réservaient pour l’exécution de certains Préludes. C’est ainsi qu’on lit dans le Mercure de novembre 1713 : « J’ai entendu un de nos plus illustres préluder sur son violon de quelque manière qu’il fût accordé, et ne suivre, pour tirer ses sons, d’autre règle que son oreille, et non celle du manche qui se trouvoit alors dérangé’. « 

François Hanot.

I

Nous nous arrêtons un peu ici sur ce modeste compositeur flamand, parce que son œuvre témoigne de l’activité qui régnait en province, aux environs de 1740, dans le domaine de la musique instrumentale.

François Hanot ou Annotte naquit à Dunkerque, le l0 juillet 1697, de Charles et de Marie Gallot, et non pas en 172O, ainsi que le prétend Fétis2.

Son acte de baptême, que nous reproduisons ci-dessous, lève toute incertitude sur le lieu de sa naissance, quoique l’acte de mariage de son frère cadet, Charles-Joseph, le déclare, par erreur, natif de Lille, paroisse Saint-Élienne3.

Charles-Joseph était bien originaire de Lille, où il naquit le 22 avril 1708 ; en 1736, Charles-Joseph, qui exerçait la profession de « joueur de violon » et de « maître de danse », pouvait se prévaloir d’un emploi municipal, car il était « hautbois sermenté de la ville4 ». Il écrivit même des ballets destinés au théâtre de Lille, et, d’après L. Lefebvre, il joua probablement, avec son frère François, au concert de cette ville.

Nous trouvons François Hanot installé à Lille en 1724, où, le 29 octobre de cette année, il épouse, en l’église Saint-Maurice, Marie-Hélène Alexandre5. Mais, avant cette époque, il avait voyagé tant en France que dans les Pays-Bas, et avait enseigné le violon et la danse, à Mons et à Rouen. C’est ce qui résulte d'une délibération des Consaux de Tournai, en date du 30 janvier 1742, et aux termes de laquelle François Hanot se trouvait sollicité par plusieurs personnes de Tournai de venir fixer sa résidence dans celle ville « pour y fournir et instruire la jeunesse ainsi qu’il se flatte de l’avoir fait, tant en laditte ville de Lille qu’avant, à Mons et à Rouen ». Ce document nous apprend, en outre, qu’il était à ce moment-là « maître de danse et de violon, élably en la ville de Lille, pensionné entre

1. Mercure, novembre 1713, Dissertation sur la musique italienne et française par M. de L. T., p, 60. Ce texte semble même devoir s’appliquer plutôt à un violon non accordé qu’à un instrument discordé. 
2. Son nom admet les orthographes les plus diverses, entre autres celles de Hannot et Hanno. — Voici son acte de baptême : « L’an de grâce 1697, le dixième jour du mois de juillet, je soussigné, prêtre vicaire de cette paroisse de Dunkerque, ay baptisé François, fils légitime de Charles Annotte et de Marie Gallot, né ce matin à 5 heures. A été parrain François Louart, et marraine Marie Gallo qui n’a sçu écrire. » Signatures. [Extrait du Registre des Actes de baptêmes de la Paroisse de Dunkerque, pendant l'année 1697).
D’après L. Lefebvre, qui avait bien voulu nous communiquer d'intéressants renseignements sur les Hanot, le père de François-Charles était natif de Rivière, diocèse d'Arras, et sa mère, Marie Galot ou Gallot, native de Tiembronne, diocèse de Boulogne.
3. Cet acte, qui porte la date du 20 mai 1737, porte que François Hanot est né à Lille, paroisse Saint-Etienne. 
4. Nous devons ces renseignements à l'obligeante érudition de Léon Lefebvre. 
5. Mariage Hanot François et Alexandre Marie-Hélène, 29 oct. 1724 [Etat civil de Lille).