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Les prédécesseurs français de Viotti


et l’air des Sauvages de Rameau, auquel Tarade imprime un caractère encore plus agogique en changeant les deux violons de se pourchasser l’un l’autre à l’aide de figures en sextolels.


Le chevalier de Saint-Georges.

I



Ce singulier et romanesque personnage, qui semble fait pour tenter la plume de M. Lenôtre, naquit à la Guadeloupe d’un contrôleur général, M. de Boulogne ou Boullogne, et d’une négresse. La Notice hislorique qui lui est consacrée dans le Traité de l'Art des Armes de La Boëssière fixe la date de sa naissance au 25 décembre 1745[1], et une délibération du conseil municipal de la Basse-Terre adopte aussi cette date[2]. D’autre part, un document d’archives du Ministère de la Guerre, émanant de Saint-Georges[3] lui-même, lui donne quarante-deux ans au mois de juillet 1791, ce qui le ferait naître en 1749[4]. Mais un document conservé aux Archives de la Seine, et que nous citons plus loin, fournit la date de son décès, 22 prairial an VII, et son âge à ce moment, soixante ans. Le célèbre mulâtre serait donc né vers 1739.

Sa vie mouvementée, aventureuse, ne pouvait manquer de séduire les romanciers, et nous devons à Roger de Beauvoir un roman en quatre volumes intitulé :

  1. Xolice hislorique sur Saint-Georges dans le Traité de l’Art des Armes à l’usage des professeurs et des amateurs, par .M. La Boëssière, Maître d’armes des aucieuues académies du roi, des Écoles royales polytechnique et d’équitalioii, Paris, Didot l’aîné, 1818, iu-S". Cette notice occupe les pages xivi à sxij. — Wasielewski, Die Violine und ihre Meister, p. 317.
  2. Voir à la fin de cette notice biographique.
  3. Le nom du mulâtre s’orthographie aussi Saint-George, et son titulaire, comme nous le verrons plus loin, signe «George» " pendant la période révolutionnaire.
  4. Arch. adm. Ministère de la Guerre : Municipalité de Lille. Département du Xord. « Extrait du Registre aux Inscriptions des Citoyens qui se sont offerts à marcher les premiers en Exécution du Décret de l’Assemblée nationale du SI juin 1791 » : N» 244. — Joseph Bologne Saint-George, âgé de quarante-deux ans, natif de la Guadeloupe, rue Notre-Dame, Paroisse Saint- Etienne, le 25 juillet 1791. Signé : Saint-George. Il est ainsi au Registre. Signé : Demoget. L’Historique du 13° Régiment de Chasseurs (1792-1891) [régiment dans lequel Saint-Georges a servi, comme nous le verrons] donne sur II. Saint-Georges le renseignement suivant : » Paraît être né à la Guadeloupe en 1749. » [Historique du I3<^ Régiment de Chasseurs /792- 187 1], par P. Descaves, capitaine instructeur au 13e chasseurs, Béziers, 1891-1892, in-4», p. 185.) Cette mention provient évidemment d’une note relative à Saint-Georges et à ses états de services, note datée du 8 brumaire an 1’, et conservée aux Archives du Ministère de la Guerre. Cette note porte, en effet : « Saint-Georges (Joseph-Bologne). Paraît être né à la Guadeloupe eu 1749. » On remarquera que Gerher, en le faisant mourir à Paris le 9 juin 1799, âgé de soixante ans, ce qui donne 1739 pour l’année de sa naissance, se rapproche singulièrement de la vérité (Gerber, Neues historisch-biographisches Lexikonder Tonkïmsller, Leipzig, 1812, t. II, pp. 290-291). D’après Choron et Fayolle, Saint-Georges serait mort à Paris en 1801, « dans un état voisin de l’indigence ». [Dictionnaire historique des Musiciens, t. 11, p. 25.j). Nous aurons encore à enregistrer des divergences au sujet de la fixation de l’époque de la mort de Saint-Georges. Dans le document fourni par Saint- Georges lui-même et que nous visons plus haut, le mulâtre se rajeunit de dix ans.