Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Barchet, Blanc, Taillandier, tous officiers à la tête de leurs sections. M. de Raousset, toujours exposé au plus fort de la fusillade, toujours le premier courant devant ses hommes, n’eut pas même une égratignure. Le nombre des blessés montait à vingt-cinq.

Les pertes de l’ennemi furent beaucoup plus grandes ; s’il faut en croire le dire des habitants, deux cents hommes au moins furent tués ou blessés dans l’action. L’ennemi laissait en outre entre les mains des Français un matériel considérable et beaucoup de prisonniers, parmi lesquels six officiers, dont quatre étaient blessés.

Telle fut cette victoire d’Hermosillo, qui a eu un si grand retentissement dans les deux mondes, qui semblait devoir décider la querelle entre le gouvernement sonorien et l’émigration française, et servir de prélude à une révolution nationale. Cette victoire, contre toutes prévisions, fut stérile ; le signal du soulèvement des pueblos devait être donné par un homme de grande influence, dont le concours ne faisait un doute pour personne. Ce signal, les pueblos l’attendirent en vain : privés d’une direction nécessaire, ils restèrent immobiles, et au moment où M. de Raousset allait agir par lui-même, il fut terrassé par la maladie contre laquelle il luttait depuis deux mois.

Cette maladie terrible, en le privant de ses facultés, enleva à la compagnie le seul homme qui put lui faire tirer parti de son triomphe. Le découragement s’empara bientôt des vainqueurs.

La faiblesse est bien autrement contagieuse que la valeur.