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dance, et, dans ses journaux, M. de Raousset fut qualifié de traître. L’attaque était publique, la réponse fut publique ; tous les journaux californiens du 1er mars ont publié la lettre suivante :

San Francisco, 28 février 1854.

« Monsieur le chargé d’affaire de France à Mexico.

» Je trouve dans l’Universal une correspondance de moi, interceptée ou plutôt vendue. Ce journal y voit un acte de trahison, et publie à ce propos un article très-injurieux pour moi, sans que vous ayez cru devoir le relever, quand vous en connaissiez toute l’injustice. La légation de France, à Mexico, s’est montrée fort réservée, lors de mes rapports avec le général Santa Anna : cette attitude était conforme sans doute à ses instructions : mais il m’est difficile d’admettre que la réserve officielle aille jusqu’à me laisser injurier sans motifs par un journal mexicain. Je me dois à moi-même de rectifier les faits, et je me vois dans la pénible nécessité de publier la lettre que j’ai l’honneur de vous écrire.

» l’Universal se trompe grossièrement en disant que j’ai offert mes services au général Santa Anna ; vous savez le contraire, et j’en appelle à votre témoignage. Vous savez que M. Levasseur, ministre de France à Mexico, écrivit à M. Sainte-Marie, vice-consul à Acapulco, à M. Dillon, consul à San Francisco, et à moi-même. Il le fit dans les termes les plus pressants, afin de m’engager à venir au mexique ; il le fit sur la demande même du général Sauta Anna. J’y consentis avec peine : j’avais peu d’espoir, et je l’exprimai à M. Levasseur. Il est donc faux que j’aie offert mes services. La correspondance dont je parle vous est parfaitement connue.

» L’Universal se trompe également en disant que j’ai fait diverses propositions au gouvernement mexicain ; vous savez que je me suis borné à répondre à celles qui m’ont été faites. Vous avez assisté jour par jour à tout ce qui s’est passé. Nul projet de ma part n’a été présenté, si ce n’est sur la demande expresse du général Santa Anna. Vous