Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/154

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de balles ; il reçut deux coups de baïonnette dans la manche de sa chemise ; à ce moment, si cinquante hommes seulement l’avaient soutenu, la caserne était emportée.

Il fallut céder. M. de Raousset revint au milieu des débris de la compagnie, tête nue, les yeux brillants de larmes de rage impuissante.

En se retirant de rue en rue, en tirailleurs, il réunit environ soixante hommes. Les munitions manquaient. Le combat durait depuis près de trois heures. La démoralisation était générale. Une fusillade bien nourrie se fit entendre du côté de l’hôtel de Sonore. C’était la 4e compagnie qui se retirait en assez bon ordre. — « Allons, mes amis, encore un effort, s’écria M. de Raousset, qui me suit ? »

Deux ou trois voix à peine répondirent à ce dernier appel. Le comte brisa son épée.

Ce fut à ce moment que quelqu’un proposa de se rendre tous ensemble au consulat de France, et sans délibération, sans approbation ni opposition aucune, on se mit en marche.

M. de Raousset marchait confondu dans la colonne.

Le vice-consul déclara que tous ceux qui déposeraient les armes dans ses mains seraient placés sous la protection du pavillon français et auraient la vie sauve.

Une voix cria :

« — Et M. de Raousset, nous garantissez-vous sa vie ? »

M. Calvo parut hésiter. Un grand mouvement se fit dans la foule toujours croissante des Français.

« — Il nous faut la vie de Raousset, s’écria le docteur Pigné Dupuytren, ou nous recommençons le combat ! »