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XVI.

Dix jours se passèrent. Les Français, confiants en la parole donnée, s’attendaient d’un moment à l’autre à être renvoyés en Californie, lorsque tout à coup une lugubre nouvelle vint consterner tout le monde. Le comte Gaston de Raousset-Boulbon était traduit devant un conseil de guerre.

Il n’y eut qu’un cri contre le vice-consul, et sans se faire l’écho passionné des récriminations auxquelles M. Calvo est encore en butte à cette heure, on ne peut trop regretter que le gouvernement français n’ait pas eu à Guaymas un représentant plus énergique ; même sans en avoir pris l’engagement, un homme de cœur pouvait sauver la tête de M. de Raousset.

L’instruction commença. Elle dura une quinzaine de jours. On interrogea le commandant du bataillon et quelques officiers et sous-officiers. Nous regrettons de le dire, mais, à l’exception d’un seul, M. Bazajou, tous les Français interrogés cherchèrent à se disculper aux dépens du comte. Aucun témoin à décharge ne fut entendu.

Le jour du procès arriva : c’était le 9 août. M. de Raousset avait accepté pour défenseur M. *****, jeune capitaine mexicain qui, deux ans auparavant, avait été son prisonnier à Hermozillo. Devant ses juges, le comte ne se démentit pas : il resta calme, ferme, sincère.