Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/80

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suspendit impérativement la marche de la compagnie. Le plan du général est visible.

La compagnie française, retenue pendant un mois à Guaymas, soumise à l’influence d’un ciel ardent, aux mauvais conseils de l’ennui et de l’oisiveté, se découragerait, se démoraliserait et se détruirait toute seule. Pendant ce temps, un M. Daste, agent de la compagnie Barron, pourrait parcourir Arizona, en reconnaître les mines et en prendre possession sous l’escorte même des troupes du gouvernement.

Vainement M. de Raousset épuisa, près des autorités, les remontrances et les prières. Protestations, soumissions, preuves de dévouement cent fois données, tout échoua contre des consciences vendues. Au moment du départ de Guaymas, les tentatives de dissolution furent poursuivies avec plus d’astuce et plus de ténacité que jamais. Intimidation, calomnie, mensonge, encouragement à la désertion, tout fut mis en usage.

M. de Raousset avait pris les devants et attendait ses hommes à Hermosillo ; cette absence fut mise à profit, comme le prouve la lettre suivante. Cette lettre donnera en même temps une idée de l’empire moral que M. de Raousset avait su conquérir sur ses hommes :

. . . . . . . . « J’étais à Hermosillo ; inquiet de ne pas voir arriver mes volontaires, sans nouvelles d’eux, je fis partir en courrier un des hommes de mon escorte. Le lendemain, mon homme me revenait tout pâle et tout désolé. Son rapport était déplorable. Il n’y avait plus de chefs, plus de soldats, plus de discipline. On n’entendait que des malédictions ; c’était la révolte. Une heure après, je galopais sur la route de Guaymas.

» La compagnie était campée en désordre auprès d’un rancho qu’on