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ments de résistance, il désirait ardemment n’être pas réduit à ensanglanter une terre où l’émigration voyait une seconde patrie.

Il attendait beaucoup de l’esprit ferme et conciliant de M. Garnier, qu’il avait envoyé le représenter auprès du général. M. Giménez, d’autre part, avait laissé voir, en quittant Cocospera, des dispositions telles qu’on les pouvait désirer. Une protestation vigoureuse, formulée par l’agent accrédité de la compagnie Restauradora, eût amené peut-être le général Blanco à de froides réflexions. Mais le colonel était Mexicain avant tout : il devait bientôt le prouver.

Le 28 août, dans la soirée, deux dragons expédiés d’Arispe apportèrent au Saric, avec les réponses du général, la triste preuve que toute solution amicale devenait illusoire.

Le général Blanco faisait transmettre à M. de Raousset trois conditions entre lesquelles lui et ses compagnons pouvaient choisir s’ils désiraient rester en Sonore. Les voici telles que M. Garnier les formulait dans sa lettre :

« 1o Ou de consentir la dénationalisation, c’est-à-dire nous faire soldats mexicains, sans solde, sous les ordres du commandant général avec vous pour capitaine. À cette condition, nous pouvons entrer à Arizona, chercher les mines, en prendre possession et les faire exploiter.

» 2o Ou bien prendre pour chacun de nous une carte de sécurité avec laquelle nous pouvons circuler en Sonore, à Arizona, mais sans prendre possession d’aucune mine, placer ou terrain, parce que nous serions considérés comme étrangers, et comme tels incapables de posséder, aux termes d’une ancienne loi du pays. Et encore, en prenant ces cartes de sûreté, il nous serait défendu de passer outre, de l’endroit où vous êtes aujourd’hui, avant l’arrivée des lettres de sécurité de Mexico.