Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/214

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je demande h ces philofophes, qui femblent avoir afîifté à la création , qu’ils m’expliquent ce mouvement, s’ils le conçoivent, 1°. Voilà un corps organifé : que de ientimens s’impriment dans ce corps , & qu’il eft difficile d’appercevoir la caufe qui les produit ! : ;*^. ER-il plus aile de fe faire une idée d’une fubflance qui n’étant pas matière , ne feroit à la portée ni de la nature, ni de l’art ; qu’on ne pourroit rendre fenfible par aucuns moyens ; d’une fubftance qui ne fe connoit pas elle-même, ’ qui apprend & oublie a penfer dans les difté’rcns âges de la vie ?

Si l’on m.e permet de parcourir ces âges un moment, nous voyoBS que les enfans font desefoeces d’oifeaux , qui n’apprennent que peu de mots & d’idées a la fois , parce qu’ils ont le cerveau mou. Le jugement marche à pas lents derrière la me’nioire ; il faut bien que les idées foient faites & gravées dans le cerveau , avant que de pouvoir les arranger & les combiner. On raifonnç, on a de l’ei’prit ; il s’accroît par le commerce de ceux qui en ont, il s’embellit par la communication des idées , ou àe :s connoiîTances d’autrui. L’adolefcencc elt-elle palTée ? Lts langues & les fciences s’apprenntnt difficilement, parce que les fibres peu flexibles n’ont plus la même capacité de recevoir promiptement , & : de conferver les idées acauifes. Le vieillard , laudator tcmporis aai^ d efçiavç des préjugés qui fe font endure^