Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/66

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50 Discours

ternes de morale ou de ir.étaphyfique les plus mal fondés, ne font pas pour cela dépourvus d’utilité, pourvu qu’ils foient bien railchnés , & qu’une -longue chaîne de conféquences mervcilleufement déduites, quoique de principes faux, chimériques, tels que ceux de Léibnitz & de WolfF, donne à l’efurit exercé la facilité d’embraffcr dans la fuite un plus grand nombre d’objets. En effet qu’en réfukera-t-il ? Une plus excellente longue vue , un meilleur télefcope, &c, pour ainli dire, de nouveaux yeux , qui ne tarderont peut-être pas a rendre de grands fervices.

LaifTuns le peuple dire & croire que c’cll abufer de fon efprit & de fes talents, que de les faire fervir au triomphe d’une doclrine oppofée aux principes , ou plutôt aux préjugés généralement reçus ; car ce feroit domm.age au contraire que le philoibphe ne les tournât pas du feul côté par lequel il peut acquérir des connolifances. Pourquoi ?

Parce que fon génie fortifié , étendu , & 

après lui tous ceux auxquels ks recherches & ks lumières pourront fe communiquer, feront plus à portée de juger des cas les plus difficiles ; de voir les abus qui fe gliffent ici ; les profits qu’on pourroit faire là ; de trouver enfin les moyens les plus courts & les plus efficaces de remédier au défordre. Semblable à un médecin , qui , faute de théorie , m.archeroir éternellement à tâtons dans