Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/148

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Je n’ai rien négligé , me femble , pour prouver ma thefe, fi ce n’ell l’hiftoire tant de fois répétée de ces opérations animales , qui font crier au prodige tous ces pénétrans fcrutateurs de la nature dont la terre eft couverte. . . • Mais je me trompe , le plus folide arc -boutant manque à mon petit, édifice ; j’ai oublié les fillogifmes & les argumens, dont lesfpirimalijlcs fe fervent pour prouver que la matière eft incapable de penfer. J’en demande pardon aux gens d’efprit & de goût. Si cependant vous trouvez que vos frères ne font pas mal rétablis dans les droits dont on les a voit injuftement dépouillés, je croirai avoir rempli ma principale condition. Mon but n’étoit-il pas de faire voir que les animaux avoient une ame , & une ame immatérielle î Or c’cft ce que je me flatte d’avoir démontré. J’avoue que cette frappante analogie qui fe montre de toutes parts entre les animaux & nous , m’avoit fait trembler. Sans cette confolante vérité que j’ai découverte enfin, & pour laquelle j’élève ici la voix , où en étions * nous , hélas ! nous autres bonnes gens, qui en naiflant , voulons bien naître , mais qui en mourant , ne voulons point mourir ?

Ridiculum acri
Fortius ac meliùs magnas plerùmque secat res.