Aller au contenu

Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

action d’une maniere incompréhenſible, en agiſſant ſur les grains de pouſſiere, comme l’eau ſimple fait d’ailleurs, comprenons-nous mieux comment l’imagination d’un homme qui dort, produit des pollutions, en agiſſant ſur les muſcles érecteurs & éjaculateurs, qui, même ſeuls & ſans le ſecours de l’imagination, occaſionnent quelquefois les mêmes accidents ? À moins que les phénomenes qui s’offrent de part & d’autre, ne vinſſent d’une même cauſe, je veux dire d’un principe d’irritation, qui après avoir tendu les reſſorts, les feroit ſe débander. Ainſi l’eau pure, & principalement le liquide de la plante, n’agiroit pas autrement ſur les grains de pouſſiere, que le ſang & les eſprits ſur les muſcles & réſervoirs de la ſemence.

L’éjaculation des plantes ne dure qu’une ſeconde ou deux ; la nôtre dure-t-elle beaucoup plus ? Je ne le crois pas : quoique la continence offre ici des variétés qui dépendent du plus ou moins de ſperme amaſſé dans les véſicules ſéminales. Comme elle ſe fait dans l’expiration, il falloit qu’elle fût courte : des plaiſirs trop longs euſſent été notre tombeau. Faute d’air ou d’inſpiration, chaque animal n’eût donné la vie qu’aux dépens de la ſienne propre, & fût véritablement mort de plaiſir.

Mêmes ovaires, mêmes œufs & même faculté fécondante. La plus petite goutte de ſperme, contenant un grand nombre de vermiſſeaux, peut,