Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/106

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contre leurs mœurs, à tout hasard, sans s’informer si elles méritent la même censure que leur façon de penser.

Une telle conduite donne gain de cause aux incrédules ; ils se moquent d’une religion, que notre ignorance voudroit ne pouvoir être conciliée avec la philosophie : ils chantent victoire dans leurs retranchemens, que notre manière de combattre leur fait croire invincibles. Si la religion n’est pas victorieuse, c’est la faute des mauvais auteurs qui la défendent. Que les bons prennent la plume, qu’ils se montrent bien armés, & la théologie l’emportera de haute lutte sur une aussi foible rivale. Je compare les athées à ces géans qui voulurent escalader les cieux : ils auront toujours le même sort.

Voilà ce que j’ai cru devoir mettre à la tête de cette petite brochure, pour prévenir toute inquiétude. Il ne me convient pas de réfuter ce que j’imprime, ni même de dire mon sentiment sur les raisonnemens qu’on trouvera dans cet écrit. Les connoisseurs verront aisément que se ne sont que des difficultés qui se présentent toutes les fois, qu’on veut expliquer l’union de l’âme avec le corps. Si les conséquences, que l’auteur en tire, sont dangereuses, qu’on se souvienne qu’elles n’ont qu’une hypothèse pour fondement. En faut-il davantage pour les détruire ? Mais, s’il m’est permis de sup-