Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/116

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se ranger dans un ordre, qu’elles sembloient avoir jusqu’alors dédaigné.

Là je vois Maupertuis, l’honneur de la nation Françoise, dont une autre a merité de jouir. Il sort de la table d’un ami, qui est le plus grand des rois. Où va-t-il ? dans le conseil de la nature, où l’attend Newton.

Que dirais-je du chymiste, du géomètre, du physicien, du mécanicien, de l’anatomiste &c. ? Celui-ci a presqu’autant de plaisir à examiner l’homme mort, qu’on en a eu à lui donner la vie.

Mais tout cède au grand art de guérir. Le médecin est le seul philosophe qui mérite de sa patrie, on l’a dit avant moi ; il paroît comme les frères d’Helène dans les tempêtes de la vie. Quelle magie, quel enchantement ! Sa seule vue calme le sang, rend la paix à une âme agitée, & fait renaître la douce espérance au cœur des malheureux mortels. Il annonce la vie & la mort comme un astronome prédit une éclipse. Chacun a son flambeau qui l’éclaire. Mais si l’esprit a eu du plaisir à trouver les règles qui le guident, quel triomphe, vous en faites tous les jours l’heureuse expérience ; quel triomphe, quand l’événement en a justifié la hardiesse !

La première utilité des sciences est donc de les cultiver : c’est déjà un bien réel & solide. Heureux