Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/169

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le plus grand degré de probabilité est pour elle : mais comme cette existence ne prouve pas plus la nécessité d’un culte, que toute autre, c’est une vérité théorique, qui n’est guères d’usage dans la pratique : de sorte que, comme on peut dire d’après tant d’expériences, que la religion ne suppose pas l’exacte probité, les mêmes raisons autorisent à penser que l’athéisme ne l’exclut pas.

Qui sait d’ailleurs si la raison de l’existence de l’homme, ne seroit pas dans son existence même ? peut-être a-t-il été jetté au hazard sur un point de la surface de la terre, sans qu’on puisse savoir ni comment, ni pourquoi ; mais seulement qu’il doit vivre & mourir ; semblable à ces champignons, qui paroissent d’un jour à l’autre, ou à ces fleurs qui bordent les fossés & couvrent les murailles.

Ne nous perdons point dans l’infini, nous ne sommes pas faits pour en avoir la moindre idée ; il nous est absolument impossible de remonter à l’origine des choses. Il est égal d’ailleurs pour notre repos, que la matière soit éternelle, ou qu’elle ait été créée ; qu’il y ait un dieu, ou qu’il n’y en ait pas. Quelle folie de tant se tourmenter pour ce qu’il est impossible de connoître, & ce qui ne nous rendroit pas plus heureux, quand nous en viendrions à bout.

Mais, dit-on, lisez tous les ouvrages des Fénelons, des Nieuwentits, des Abadies, des Derhams,