Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome troisième, 1796.djvu/39

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frappés par la repréfentation même des horreurs qu’on décrit.

Toute impudique qu’est Vénus, elle est la mère des hommes & des dieux ; par elle germe & brille la nature, & le monde entier se perpétue : évitons ses charmes & redoutons sa puissance. Si le plus sage des mortels ne cherche pas son salut dans la fuite, qui l’assurera qu’il n’aura pas à se reprocher d’avoir rendu à la facile déesse les hommages les plus grossiers.

Ces beaux esprits, qui abusent des dons de la nature les plus précieux ne se soutiennent ne brillent que par les plus sales peintures ne méritent pas d’être ici nommés ! Je ne sais même si je n’aurai point à rougir de m’arrêter un moment à ceux qui dans ce même genre se sont montrés plus voluptueux qu’obscènes c’est-à-dire, qui au lieu de se livrer à une licence effrénée, ont excellé dans l’art de donner aux mêmes objets des couleurs plus douces, & qui enfin fupprimant toute expreflioii choquante ont affecté de conserver une espèce de dignité dans la prostitution de leur esprit & de leurs talens, femblables à ces femmes vertueuses qui savent tomber avec décence & s’attirer dans leur chute autant d’hommages du respect même, que du plaisir qui a séduit leur cœur. Je ne demande grâce, au reste, que pour Pétrone, qui pourroit la refuser ?