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L’Homme

ou qu’un Animal, ne maltraitera point ſes ſemblables ; trop inſtruit ſur la Nature de ces actions, dont l’inhumanité eſt toujours proportionnée au degré d’Analogie prouvée ci-devant ; & ne voulant pas en un mot, ſuivant la Loi Naturelle donnée à tous les Animaux, faire à autrui, ce qu’il ne voudroit pas qu’on lui fit.

Concluons donc hardiment que l’Homme eſt une Machine ; & qu’il n’y a dans tout l’Univers qu’une ſeule substance diverſement modifiée. Ce n’est point ici une Hypotheſe élevée à force de demandes & de ſuppoſitions : ce n’eſt point l’ouvrage du Préjugé, ni même de ma Raison ſeule ; j’euſſe dédaigné un Guide que je crois ſi peu ſûr, ſi mes ſens portant, pour ainſi dire, le flambeau, ne m’euſſent engagé à la ſuivre, en l’éclairant. L’Expérience m’a donc parlé pour la Raison ; c’eſt ainſi que je les ai jointes enſemble.

Mais on a dû voir que je ne me ſuis permis le raiſonnement le plus rigoureux & le plus immédiatement tiré, qu’à la ſuite d’une multitude d’Obſervations Phyſiques qu’aucun Savant ne conteſtera ; &