Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/18

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DÉDICACE.

Entrons dans quelque détail.

Tantôt c’eſt la Poëſie ou la Peinture ; tantôt c’est la Muſique ou l’Architecture, le Chant, la Danſe &c. qui font gouter aux connoiſſeurs des plaiſirs raviſſans. Voiez la Delbar (femme de Piron) dans une loge d’Opéra ; pâle & rouge tour-à-tour, elle bat la meſure avec Rebel, ſ’attendrit avec Iphigénie, entre en fureur avec Roland &c. Toutes les impreſſions de l’Orcheſtre paſſent ſur ſon viſage, comme ſur une toile. Ses yeux s’adouciſſent, ſe pâment, rient, ou ſ’arment d’un courage guerrier. On la prend pour une folle. Elle ne l’eſt point, à moins qu’il n’y ait de la folie à ſentir le plaiſir. Elle n’eſt que pénétrée de mille beautés qui m’échapent.

Voltaire ne peut refuſer des pleurs à sa Mérope ; c’est qu’il ſent le prix, & de l’ouvrage, & de l’Actrice. Vous avez lu ſes écrits ; & malheureuſement pour lui, il n’est point en état de lire leſ vôtres. Dans les mains, dans la mémoire