Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/40

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s'en faut-il! puisqu'il lui est impossible d'assinger un seul objet auquel elle ait prêté quelque attention, parmi cette foule inombrable d'idées confuses, qui comme autant de nuages, remplissent, pour ainsi dire, l'Atmosphère de notre cerveau.

L'Opium a trop de rapport avec le Sommeil qu'il procure, pour ne pas le plaver ici. Ce remede enivre, ainsi que le vin, le caffé &c. chacun à sa manière, & suivant sa dose. Il rend l'Homme heureux dans un état qui sembleroit devoir être le tombeau du sentiment, comme il est l'image de la Mort. Quelle douce Léthargie! L'Ame n'en voudroit jamais sortir. Elle étoit en proie aux plus grandes douleurs; elle ne sent plus que le seul plaisir de ne plus souffrir, & de joüir de la plus charmante tranquillité. L'Opium change jusqu'à la volonté; il force l'Ame qui vouloit veiller & se divertir, d'aller se mettre au Lit malgré elle. Je passe sous silence l'Histoire des Poisons.

C'est en fouëttant l'imagination, que le Caffé, cet Antidote du Vin, dissipe nos maux de tête & nos chagrins, sans nous en ménager,