Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/50

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on en peut juger, en lisant les seuls Traités de Willis De Cerebro & de Anima Brutorum.

Je concluerai seulement ce qui s'ensuit clairement de ces incontestables Observations, 1º. que plus les Animaux sont farouches, moins ils ont de cerveau; 2º. que ce viscère semble s'agrandir en quelque sorte, à proportion de leur docilité; 3º. qu'il y a ici une singulière condition imposée éternellement par la Nature, qui est que, plus on gagnera du côté de l'Esprit, plus on perdra du côté de l'instinct. Lequel l'emporte de la perte; ou du gain?

Ne croiez pas au reste que je veuille prétendre par là que le seul volume du cerveau suffise pour faire juger du degré de docilité des Animaux; il faut que la qualité réponde encore à la quantité, & que les solides & les fluides soient dans cet équilibre convenable qui fait la santé.

Si l'imbécile ne manque pas de cerveau, comme on le remarque ordinairement, ce viscère péchera par une mauvaise consistance, par trop de molesse, par exemple. Il