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Page:La Mettrie - L'homme machine, 1748.djvu/94

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ils nous diront que les mêmes causes qui, dans les mains d'un Chimiste, & par le Hazard de divers mêlanges, ont fait le premier miroir, dans celles de la Nature ont fait l'eau pure, qui en sert à la simple Bergère: que le mouvement qui conserve le monde, a pu le créer; que chaque corps a pris la place que sa Nature lui a assignée; que l'air a dû entourer la terre, par la même raison que le Fer & les autres Métaux sont l'ouvrage de ses entrailles; que le Soleil est une production aussi naturelle, que celle de l'Electricité; qu'il n'a pas plus été fait pour échaufer la Terre, & tous ses Habitans qu'il brule quelquefois, que la pluie pour faire pousser les grains, qu'elle gâte souvent; que le miroir & l'eau n'ont pas plus été faits pour qu'on pût s'y regarder, que tous les corps polis qui ont la même propriété: que l'œil est à la vérité une espèce de Trumeau dans lequel l'Ame peut contempler l'image des objets, tels qu'ils lui sont representés par ces corps; mais qu'il n'est pas démontré que cet organe ait été réellement fair exprès pour cette contemplation, ni exprès