Page:La Mettrie - L’art de joüir, 1751.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45

C’eſt un jeune Guerrier, que l’honneur & le devoir obligent de devancer ſon Prince en campagne. Il part demain, plus de délai, il n’a plus qu’une nuit à paſſer avec ce qu’il aime ; l’Amour en ſoupire.

Mais quels vont être ces adieux ! & comment les peindrai-je ? Si la joie eſt commune, la triſteſſe l’eſt auſſi ; les larmes de la douleur ſont confondues avec celles du plaiſir, qui en eſt plus tendre. Que d’incertains ſoupirs ! Quels regrets ! Quels ſanglots ! Mais en même tems quelle volupté d’ame & quels tranſports !