Ou, cherchant des forêts les tranquilles ombrages,
Des avides humains déplorer les orages,
Tels étaient mon bonheur, mes goûts et mes plaisirs ;
D’un sein tumultueux j’ignorais les désirs.
J’osais, pleine d’orgueil de vingt ans d’innocence,
Du formidable Amour défier la puissance :
Tu vois s’il est pour moi terrible en son courroux.
Puisses-tu ne jamais être en butte à ses coups !
Je vis Phaon…
Phaon ! cruelle destinée !
Je le vis ; il parut à mon âme enchaînée,
Pareil au dieu brillant du Pinde et de Délos,
Lorsque rayonnant d’or il s’élance des flots.
Dans son âme aussitôt il absorba mon âme ;
De mon cœur en délire il partagea la flamme ;
Il fit mille sermens de m’adorer toujours ;
A la félicité j’abandonnai mes jours :
Hélas ! de tant de biensles dieux m’avaient comblée,
Pour me voir de mes maux encor plus accablée.
Quel monstre vous a pu troubler dans vos amours.
Faut-il de tant d’affronts te retracer le cours !
Tu frémiras d’horreur à cette perfidie :