Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/106

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son épouse à se placer sur le cheval, dont il saisit la bride, tandis que le prêtre marchait de l’autre côté ; et l’on se mit en route.

Les deux bons vieillards, qui sanglotaient sur le seuil de leur maisonnette vide, répondirent aussi longtemps qu’ils purent aux gestes gracieux de leur Ondine, et puis un silence triste se mit à peser autour d’eux sur la presqu’île qui leur parut toute changée.

Les trois voyageurs arrivèrent bientôt sous les ombrages touffus de la forêt. Ondine était plus ravissante que jamais sur son noble coursier ; le prêtre paraissait grave, dans sa robe austère de moine ; Huldbrand, ceint de son épée, la plume hardiment plantée dans le chapeau, était le chevalier intrépide. Ondine et lui ne cessaient de se regarder, de s’admirer l’un l’autre. Au bout d’un certain temps, ils s’aperçurent avec surprise que le moine était en grande conversation avec un quatrième personnage, venu ils ne savaient d’où et qui s’était joint mystérieusement à eux. Ce personnage portait une longue robe blanche aux plis flottants ; son aspect était imposant quoique étrange. Au moment où les deux jeunes gens les remarquèrent, il disait au prêtre :

— Je vis depuis longtemps dans cette forêt, digne seigneur, sans être pourtant un ermite au sens où vous entendez ce mot. Je ne suis pas ici par esprit de pénitence. J’aime la forêt parce qu’elle me semble tout particulièrement belle et que j’ai plaisir à me promener, dans mes