Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/108

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— Je vous en prie, insista Ondine, éloignez-vous, mon oncle. Que pensera mon mari en me voyant en si singulière compagnie ?

— Ma chère petite nièce, répondit Kühleborn, vous savez bien que je suis ici pour votre défense ; sans moi, les gnomes malicieux pourraient vous jouer quelque vilain tour. Laissez-moi donc vous accompagner, vous servir de protecteur. Le vieux prêtre que voici m’a accueilli plus aimablement. Il m’a dit que mon visage ne lui était pas inconnu ; et, en effet, j’étais la vague qui l’entraîna dans le lac et le porta ensuite sous les arbres de la presqu’île, près de la chaumière, afin qu’il pût bénir ton mariage.

« Ma chère petite nièce, répondit Kühleborn, vous savez bien que je suis ici pour vous protéger »

Mais Ondine dit encore à Kühleborn :

— Je vous en prie, mon oncle, n’insistez pas, retirez-vous. Voici que j’aperçois la fin de la forêt : nous n’avons donc plus besoin de vous. Laissez-nous continuer en paix notre chemin.

Ces paroles eurent le don de déplaire à Maître Kühleborn qui ne cacha pas sa mauvaise humeur et lança à sa jeune nièce un coup d’œil significatif. Ondine, effrayée, poussa un cri et appela son époux à sa défense. Le chevalier s’élança aussitôt, l’épée haute, pour frapper Kühleborn. Mais l’arme en s’abaissant ne rencontra qu’une trombe d’eau qui s’abattit sur les voyageurs et les inonda de la tête aux pieds. En même temps, d’un rocher voisin une belle cascade se mit à jaillir dont les eaux, en bondissant