Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/117

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deux amies se promenaient sur la grand’place de la ville, à la lueur tranquille des étoiles. Ils causaient gaiement, s’arrêtant parfois pour admirer une antique fontaine qui occupait le milieu de la place ; ils écoutaient le murmure captivant des eaux jaillissantes, que troublaient seuls les pas des autres promeneurs et le rire clair d’une bande d’enfants.

À travers le rideau sombre des grands arbres, ils apercevaient les lumières des maisons voisines. Ils se sentaient comme isolés au milieu de la ville, inondés de la joie sereine et calme que la nuit répandait autour d’eux. Ils causaient du prochain départ, du voyage qu’ils comptaient bien faire à eux trois. Les objections élevées par les parents adoptifs de Bertalda leur semblaient incompréhensibles.

Au moment où ils allaient fixer le jour du départ, un homme de haute taille, traversant la place, s’avança vers eux et, saluant courtoisement Ondine, lui glissa quelques phrases à l’oreille. Une vive contrariété se peignit sur les traits de la jeune femme, mais, devançant ses compagnons, elle fit quelques pas avec l’étranger. On les entendit causer à voix basse, dans une langue inconnue. Huldbrand, frappé par un souvenir imprécis, considérait attentivement le nouveau venu. Perdu dans ses pensées, il n’entendit même pas une question que lui adressait Bertalda. Soudain, Ondine se mit à rire, en battant joyeusement des mains, puis revint auprès de son mari,