XI
LA FÊTE DE BERTALDA
AU milieu d’une nombreuse assemblée de convives, Bertalda,
parée des bijoux qu’on venait de lui offrir, trônait
au haut bout de la table, entre Ondine et Huldbrand. On
eût dit la déesse du Printemps. Lorsque la fin du repas
approcha, on ouvrit toutes grandes les portes de la salle,
suivant l’antique coutume du pays, afin que les gens du
peuple pussent prendre leur part de la fête. Des serviteurs
offrirent aux nouveaux venus des rafraîchissements
et des pâtisseries. Huldbrand et Bertalda, impatients de
percer enfin le mystère qu’Ondine avait promis de dévoiler,
ne quittaient point des yeux la jeune femme qui, émue et
souriante, s’efforçait de contenir le secret qu’elle semblait
à tout instant sur le point de trahir. Ainsi que les enfants
reculent le moment où ils mangeront le gâteau qui excite
leur convoitise, ainsi la jeune mariée semblait vouloir
jouir plus longtemps d’une attente délicieuse. Huldbrand
et Bertalda, pleins d’émotion, ne l’interrogeaient point,