Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/142

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La réponse du vieux pêcheur, confuse et difficile à lire, semblait contenir un blâme, un avertissement troublant.

« Me voilà seul désormais, disait-il ; ma chère femme est morte. Bertalda est mieux auprès de vous que dans ma chaumière désolée, mais si jamais elle fait le moindre mal à ma chère Ondine, je la maudis ! »

La jeune fille n’accorda aucune attention à la menace, ne retenant que la permission tant désirée de se fixer au château de Ringstetten.

Or, un matin, comme Huldbrand venait de sortir à cheval, Ondine appela les serviteurs et leur commanda de boucher avec une énorme pierre un grand puits situé au milieu de la cour du château. Étonnés, les serviteurs lui firent observer respectueusement que ce serait bien incommode de ne plus se servir du puits, car il faudrait chercher l’eau très loin, tout au fond du vallon.

— Mes braves amis, répondit la jeune femme avec un triste sourire, je suis désolée de vous imposer ce surcroît de fatigue, mais il est indispensable de condamner ce puits. Croyez en ma parole : c’est le seul moyen d’éviter un grand malheur.

Touchés de la douceur de leur jeune maîtresse qu’ils adoraient, les serviteurs n’ajoutèrent pas une parole et s’empressèrent d’exécuter ses ordres. Déjà, ils soulevaient un gros quartier de roche pour l’élever jusqu’à la margelle du puits, lorsqu’ils virent accourir Bertalda. Elle leur ordonna de cesser sur-le-champ leur travail,