Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/160

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riante nature, suivaient le vol des cigognes et des hirondelles. Peu à peu, il leur prit fantaisie d’explorer la campagne environnante ; ils organisèrent des excursions. Un jour qu’ils se trouvaient aux sources du Danube, Huldbrand se mit à décrire chaleureusement les beautés du fleuve, de ses fertiles vallées, de Vienne, l’opulente cité traversée par ses flots.

— Comme ce serait amusant d’aller ainsi jusqu’à Vienne, s’écria Bertalda. Puis elle rougit et se tut, honteuse d’être sortie de la réserve qu’elle s’imposait.

Ondine, émue de cette humilité, répondit gentiment :

— Mais rien ne nous empêche de faire ce voyage.

Aussitôt, voilà les deux amies bâtissant mille projets, se représentant tous les agréments du voyage, riant, babillant. Huldbrand acquiesça à leur désir, non sans avoir glissé à l’oreille de sa femme :

— Et Kühleborn ? Tu sais que par là-bas il retrouve son pouvoir.

— Sois sans crainte, répondit-elle avec un beau sourire confiant ; puisque je suis de la partie, il ne tentera rien contre nous.

On fit joyeusement les préparatifs de l’expédition et, le cœur léger, on se mit en route.

Il ne faut jamais s’étonner que les choses se passent autrement en réalité qu’en imagination. Les puissances ennemies qui nous tendent des pièges endorment nos cœurs par des songes dorés et des illusions merveilleuses. Par