Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/183

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avait l’âme remplie du souvenir de l’aimable Ondine. Dès qu’une porte s’ouvrait, les invités tressaillaient involontairement, et regardaient, avec une espérance vague et irraisonnée, qui allait entrer. Quand on constatait que ce n’était qu’un échanson ou un serviteur, on ramenait tristement les yeux sur la table chargée de mets autour de laquelle la gaieté se refusait à naître.

Seule, la jeune mariée assistait, insouciante et heureuse, à cet étrange repas de noce, un peu étonnée seulement de se voir au bout de la table, avec une couronne de jasmin et de fleurs d’oranger et des habits magnifiques, tandis que le corps de l’autre épouse gisait glacé sous les eaux du Danube, ou de quelque océan lointain. Parfois, elle songeait, avec un sentiment de terreur, aux paroles de son père sur la mort incertaine d’Ondine, mais elle chassait cette idée importune.

Cependant, la nuit s’avançait, les invités se dispersaient en hâte, heureux de fuir cette morne cérémonie sur laquelle pesait plus lourdement, d’heure en heure, le pressentiment d’un malheur. Bertalda se retira avec ses femmes et le chevalier avec ses serviteurs, pour ôter leurs habits de fête.

Quant à reconduire les jeunes époux à leur appartement, avec les gaietés et plaisanteries d’usage, l’idée n’en vint à personne.

Bertalda, pour se distraire en attendant son époux, fit étaler devant elle les voiles brodés, les vêtements tissés d’or et les bijoux splendides qu’Huldbrand lui avait offerts.