Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/27

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l’émouvoir lorsqu’il vit à la lisière de la forêt un cavalier apparaître et piquer droit sur la chaumière.

C’était un chevalier de noble apparence et richement vêtu : un manteau de pourpre couvrait en partie son justaucorps violet brodé d’or ; de belles plumes rouges et bleues rehaussaient l’élégance de sa toque ; à son baudrier d’or pendait une épée ornée de pierreries étincelantes. L’étalon blanc qui le portait, plus fin et plus léger que les chevaux d’armes, courbait à peine les hautes herbes en passant.

Sans doute, il n’y avait rien à redouter d’une si gracieuse apparition : le vieux pêcheur hésitait cependant… À la fin, il se leva, ôta poliment son bonnet devant ce visiteur de marque, et attendit.

Le chevalier s’enquit auprès du bonhomme d’un asile pour lui et son cheval.

— Votre cheval, mon bon seigneur, répondit le pêcheur, passera une excellente nuit sur cette herbe molle et fraîche. Quant à vous, je mets à votre disposition mon humble chaumière où vous pourrez souper à peu près bien et dormir ensuite paisiblement.

Le chevalier se déclara satisfait ; il sauta à terre, débrida sa monture et lui donna la liberté. Puis il dit à son hôte :

— Vous êtes hospitalier, mais l’eussiez-vous moins été que la force des choses m’aurait, je crois, de toute façon retenu ici ce soir. Je crois que ma route est barrée par ce