Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/86

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— Si vous venez ici pour nous inquiéter, méchants gnomes, vous aurez affaire à Kühleborn !

Ces mots bizarres achevèrent de dérouter les autres personnages qui regardèrent la jeune fille avec stupéfaction. Cependant, une voix, du dehors, répondit :

— Je ne suis pas un méchant esprit ; je suis un pauvre être humain. Pour l’amour de Dieu, secourez-moi !

Ondine, à ces mots, ouvrit toute grande la porte et, à la lueur de la lanterne qu’elle tenait d’une main, on aperçut un véritable moine qui recula, tout effrayé lui-même en se trouvant devant une si merveilleuse demoiselle. Sans doute pensa-t-il qu’il y avait dans le fait qu’une jeune fille d’une beauté incomparable logeait dans une si misérable chaumière quelque artifice satanique, car il se mit à prier avec ferveur, en disant :

— Dieu tout-puissant, protège ton serviteur contre les artisans du mal.

— Entrez ! entrez ! vénérable père, dit Ondine ; vous serez ici chez de braves gens. Ne craignez rien, et faites-moi la grâce de me tenir pour une honnête fille du Seigneur.

Le prêtre pénétra dans la chaumière ; l’eau ruisselait sur son vêtement de bure et dégouttait de sa chevelure et de sa barbe qui étaient blanches. Le pêcheur et Huldbrand l’entraînèrent dans une pièce voisine, l’obligèrent doucement à retirer ses vêtements afin qu’on pût les faire sécher devant le feu. Il les remercia avec un bon sourire et consentit à s’envelopper, en attendant, dans un vieux