Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/95

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un être diabolique. Huldbrand était désolé et ne savait que penser.

— Oui, continua la pauvre Ondine, l’âme doit occuper une bien grande place dans un être ; car voici que de sentir seulement une âme prête à s’éveiller en moi, je me sens en même temps envahie par toutes sortes d’angoisses, moi tout à l’heure si légère, si insouciante !…

Et de nouveau elle versa d’abondantes larmes, en se cachant le visage dans ses mains.

Le moine, alors, s’avança gravement vers elle, et au nom du ciel, il l’adjura de se débarrasser de l’esprit du mal si celui-ci habitait son enveloppe humaine. Mais elle tomba à genoux devant le saint homme et, répétant avec lui les paroles sacrées, elle montra les pures dispositions d’une créature de Dieu. Le prêtre finit par dire au chevalier :

— Cher seigneur, je vais vous laisser avec celle qui est désormais votre épouse. Il n’y a rien de méchant dans cet être énigmatique, mais je vous recommande d’être prudent et de veiller, afin que les démons, qui guettent tous leur proie, ne soient pas ici les plus forts.

Lorsque le chevalier et sa jeune femme se trouvèrent seuls, Ondine, toujours à genoux, leva vers son mari un visage bouleversé :

— Hélas ! dit-elle, ne vas-tu pas me repousser ? Je dois te faire horreur, et pourtant je ne suis qu’une pauvre enfant innocente.