Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/98

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autres habitants de la cabane. Il lui sembla qu’ils avaient tous trois l’air inquiet et malheureux ; mais son apparition dérida tous les fronts et chacun s’empressa auprès de lui avec des mots aimables et gais. Quand Ondine parut à son tour, de véritables acclamations l’accueillirent, tant son joli visage montrait de grâce et de pure beauté.

Le prêtre s’avança le premier vers elle pour la bénir. Elle se mit à genoux devant lui et lui demanda pardon, avec la plus touchante humilité, des paroles un peu folles qu’elle avait prononcées la veille. Puis elle embrassa ses bons parents nourriciers et, pour leur marquer la vraie reconnaissance qu’elle leur gardait au fond de son cœur, elle leur dit :

— Chers et bien-aimés parents, je sens bien et profondément que vous avez entouré mon enfance de la plus exquise bonté : je ne l’oublierai jamais.

Elle ne les laissa qu’après les avoir couverts de caresses, et lorsqu’elle vit la bonne vieille se préoccuper du déjeuner, elle courut aussitôt près du feu, mit la table, et se chargea elle-même de tout préparer. C’était toujours Ondine, avec sa mignonne et ravissante figure, mais avec une tout autre nature, une nature également charmante. Tout le jour elle se montra ainsi, gentille, dévouée, pleine d’attentions, pour tout le monde. Personne ne croyait que cela pût durer, mais l’Ondine espiègle, insouciante et légère qui, la veille encore, se livrait aux caprices les plus exubérants, avait bel et bien disparu pour faire