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Page:La Nézière - L'Extrême-Orient en images Sibérie, Chine, Corée, Japon, 1902.djvu/58

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avec beaucoup de soin, et le genre de coiffure indique la jeune fille, la jeune femme, la veuve, la belle-mère. On peut dire que les femmes portent leur état civil sur leur tête ; seules peut-être au monde, elles n’ont aucun ornement en contact avec la peau : bracelets, colliers ou bagues. Leur costume, très harmonieux de nuances, se maintient dans les gris, d’une finesse exquise. Mais quand elles marchent, leurs sandales, attachées par un cordon passé entre le pouce et le second doigt, leur tournent le pied en dedans et donnent à leur allure une grâce de canard.

Aussi ne faut-il les voir qu’au repos, au milieu des plis harmonieux de leurs robes soyeuses ; elles alors sont charmantes, ne révélant que ce qu’elles ont de mignardise et de grâce, le rire distingué de leurs lèvres et la ligne délicate de leur nuque ; jolis petits objets d’art qui savent, en des gestes menus et délicieux, servir le thé, bourrer une pipe, respirer une fleur et jouer du shamisen avec une inconscience musicale parfaite. C’est bien la Madame Chrysanthème telle qu’on l’a rêvée. Mais non pas telle que la veulent les Japonais, qui reprochent à Loti de n’avoir vu que la grâce extérieure et d’avoir négligé les qualités sérieuses. De fait, Madame Chrysanthème s’est transformée ; tandis que la Chinoise restait l’esclave ignorante et stupide, la Japonaise, elle, s’instruisait, s’éduquait et acquérait ainsi une certaine influence. Le féminisme semble même s’acclimater au Japon ; l’on y voit aujourd’hui des doctoresses, des avocates ; nombre

Coin de marché à Nagasaki.

Femme japonaise allant au marché.

Une marchande d’arbres nains.