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forme L., répandue entre les tropiques, ne dépasse plus aujourd’hui l’archipel des Canaries dans la direction du nord, tandis que l’autre, Woodwardia radicans Cav., également canarienne, s’avance sporadiquement jusqu’aux Asturies et jusqu’auprès de Bologue. Ces deux fougères étaient elles-mêmes représentées, lors du miocène, par deux formes auxquelles Unger a appliqué la dénomination d’Adiantum renatum et de Woodwardia Rœsneriana. On voit que les éléments de filiation des plantes vivantes par celles des temps géologiques n’échappent pas toujours à l’analyse et qu’il est maintenant difficile de ne pas admettre que la plupart de nos espèces n’aient eu leur raison d’être et leur point de départ ancestral au sein des périodes antérieures. On conçoit en même temps que les termes généalogiques deviennent d’autant plus vagues et d’autant plus obscurs, que l’on s’efforce de remonter plus loin dans le passé.

Fig. 2. Espèces caractéristiques des tufs pliocènes de Meximieux.
1, 2. Glyptostrobus europæus Hr. : 1, rameau ; 1a, fragment du même, grossi. — 2. Strobile. — 3. Torreya nucifera Lar. ; brevifolia Sap. et Mar. : 3a. feuille grossie. — 4. Torreya nucifera actuel, rameau figuré comme terme de comparaison. — 5, 6. Wodwardia radicans L., deux fragments de fronde. — 7, 11. Punica Planchoni, Sap., 7 et 8, deux feuilles ; 9 et 10, boutons à fleurs avant leur épanouissement ; 11, a, b, c, d, e, f, plusieurs autres boutons de la même espèce, vus dans diverses positions.

À l’époque où vivaient en France le Mastodon dissimilis, Jourd, et le Tapirus arvemensis, l’ancienne Adriatique lyonnaise, déjà aux deux tiers délaissée par la mer qui se retirait vers Avignon et Beaucaire, était jalonnée, du côté de l’Ardèche et du Vivarais, et plus loin dans la Haute-Loire, le Cantal et le massif auvergnat, par une double ou même par une triple rangée de volcans, dès lors en pleine activité. Les bouches éruptives de cette région, si longtemps tourmentée et dont les dernières convulsions ensevelirent sous la cendre les hommes de la Denyse, suivirent avant de prendre la forme des volcans actuels une marche graduelle et un développement dont les études de M. B. Rames, d’Aurillac, ont contribué à faire connaître les progrès.

Ce furent d’abord des symptômes précurseurs, des eaux thermales, des mouvements oscillatoires, des fractures et des soulèvements partiels agitant une contrée et un sol généralement primitifs et qui depuis l’origine des terrains étaient demeurés émergés, dans un calme profond. C’est alors, et à la suite de ces manifestations initiales des forces intérieures que s’établirent les premiers lacs, bientôt suivis des premiers épanchements de basalte.

Les dépôts lacustres qui succédèrent à l’apparition du vieux basalte ont offert à M. B. Rames, dans le Cantal, des ossements d’Amphicyon, de Machairo-