Page:La Nature, 1879, S1.djvu/219

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L’une des plus importantes de ces productions est ce que l’on appelle le noyau. C’est une sorte de concrétion tantôt plus pâle que la matière vivante qui l’entoure, tantôt granuleuse et plus foncée, laissant presque toujours apercevoir, dans les deux cas, une autre concrétion interne plus petite, le nucléole. Quelle est la nature de ce noyau et de son nucléole ? On l’ignore, mais il est absolument certain qu’ils jouent l’un et l’autre un rôle fort important dans la physiologie des êtres qui les présentent.

Les Amibes ne diffèrent des Protamibes que parce qu’ils possèdent noyau et nucléole. Ils sont extrêmement abondants partout. On peut les observer avec la plus grande facilité ; leur genre de vie est absolument celui des Monères ; ils se reproduisent par division comme les Protamibes, mais quand arrive pour eux le moment de se reproduire, on voit le noyau et le nucléole se diviser comme la masse entière du protoplasma ; chacune des moitiés de celle-ci entraîne une partie correspondante du noyau.

Quelques Amibes offrent outre leur noyau, plongé dans la masse du corps, une sorte de membrane qui tantôt couvre d’une sorte de manteau une partie de leur corps, comme chez les Arcella, ou constitue une sorte de petite bouteille par le goulot de laquelle l’animal émet ses pseudopodes, comme chez le Gromia. Parfois cette membrane est agglutinante et fixe à sa surface des grains de sable, des carapaces d’Infusoires, des coquilles microscopiques comme savent le faire, dans des proportions plus considérables, les larves de Phryganes de nos cours d’eau ; c’est le cas des Difflugia.

Tous ces êtres sont étroitement liés entre eux et aux Protamibes : leurs pseudopodes sont toujours arrondis et massifs.

On trouve en abondance dans certaines eaux stagnantes un être d’une extrême élégance qui se rattache, au contraire, aux Protogènes et aux Monères analogues : c’est l’Actinophrys sol, véritable soleil, en effet, dont les rayons sont constitués par une multitude de filaments protoplasmiques très déliés et dont le centre est occupé par un noyau obscur. Les Actinophrys dévorent des quantités prodigieuses d’Infusoires qui viennent s’engluer dans leurs pseudopodes et qu’elles ont bientôt fait d’enfermer dans le réseau de ceux-ci et de transporter, pour les dissoudre, au sein même de leur substance. Elles se reproduisent par division en deux moitiés comme les Protogènes.

On trouve aussi fréquemment dans les eaux tranquilles l’Actinosphœrium Eichhornii, bien visible à l’œil nu, grosse comme une tête d’épingle et qui ne diffère guère de l’Actinophrys que par sa masse centrale composée d’un grand nombre de noyaux au lieu de n’en montrer qu’un seul (fig. 7).

D’autres formes de nos eaux douces se compliquent encore d’un squelette siliceux, trame légère, souvent à peine visible aux plus forts grossissements et d’une étonnante régularité. Mais nous sommes ainsi conduits à des organismes remarquables par leur infinie multitude et leur extrême élégance, abondants dans toutes les mers et dont l’histoire mérite un chapitre spécial.Edmond Perrier.

La suite prochainement. —