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LES ORIGINES DE LA VIE

(Suite. — Voy. p. 209.)


LES RADIOLAIRES ET LES FORAMINIFÈRES.

Examinant un jour les dépôts vaseux qui se forment dans les sources minérales de Franzenbad et de Carlsbad, en Allemagne, l’illustre micrographe Ehrenberg ne fût pas peu étonné de les trouver presque entièrement constitués par des corpuscules siliceux, souvent d’une grande élégance, toujours de forme bien déterminée et qui ne pouvaient avoir été produits que par des êtres vivants. Poursuivant ces recherches dans les dépôts analogues, il reconnût qu’une foule d’entre eux étaient formés de ces mêmes éléments. Bientôt même des assises géologiques puissantes, celles de la craie, lui fournirent des carapaces d’êtres microscopiques en telle abondance que la masse des autres fossiles est presque insignifiante relativement à la leur. Des îles tout entières, les Barbades, par exemple, ne sont pour ainsi dire que les gigantesques ossuaires d’un monde aussi merveilleux par la petitesse de ses citoyens, que par leur infinie variété et leur innombrable multitude. L’once de sable du port de Gaëte ne contient pas moins de un million et demi de ces squelettes invisibles, qui peuvent cependant s’accumuler en quantité suffisante pour faire des montagnes.

Fig. 1. — FORAMINIFÈRES DIVERS. — 1. Gromia oviformis, Duj. — 2. Globigerina bulloides, d’Orbigny. — 5. Anomalina hemitphærica, Terquem. — 4. Rosalina anomala, Terquem. — 5. Lagenulina costata, Villiamson. — 6. Dentalina punctata, d’Orbigny. — 7. Cristellaria Triangularis, Terquem.


Fig. 2. — FORAMINIFÈRES DIVERS.
1. Miliola tenera, Max Schultze. — 2. Rotalia Veneta, Max Schultze. — 5. Cornuspira planorbis, Max Schultze.

D’une délicatesse de structure qui défie les plus habiles artistes, d’une richesse de formes qui surpasse tout ce que l’imagination la plus vive pourrait concevoir, ces squelettes se rattachent à deux types bien distincts. Tantôt ils sont formés par de petites loges sphériques ou ovoïdes, ou diversement contournées, empilées de façon à former des chapelets, des spirales, des pyramides, ou des figures bizarrement capricieuses (fig. 1 et 2) ; les parois de ces loges et les cloisons qui les séparent sont en général criblées d’une multitude de petits trous ; les loges possèdent en outre une ouverture spéciale et la substance qui forme leurs parois est du calcaire. Tantôt au contraire, le squelette est constitue de sphères treillissées, emboîtées les unes dans les autres comme celles que fabriquent certains artistes chinois, ou de longues aiguilles rayonnantes réunies par l’une de leurs extrémités, libres ou reliées entre elles par une admirable dentelle pierreuse ; d’autrefois enfin ce squelette se réduit à de petits corpuscules épars en forme d’ancres, d’erinnes ou de crochets ; dans tous ces cas il est de nature siliceuse. Souvent se rencontrent des formes qui rappellent un casque à pointe et les différents thèmes sont variés de la manière la plus étrange, avec une profusion devant laquelle l’esprit demeure confondu et dont les figures qui accompagnent cet article ne peuvent donner qu’une faible idée (fig. 3 et 4).

On désigne les êtres qui sécrètent les squelettes calcaires, perforés, à plusieurs loges, ceux du premier